La Villa Cavrois, un concept global et moderne (1931)

 

“Le décor domestique, cadre de vie, doit refléter la psychologie de ceux qui y évoluent” (Robert Mallet-Stevens)

La Villa Cavrois est un des projets majeurs de la carrière de Robert Mallet-Stevens, architecte célèbre du courant moderniste des années 30.
Considéré comme un “château moderne”, cet imposant lieu, situé à Croix près de Roubaix, fut la commande de Paul et Lucie Cavrois, souhaitant un lieu de vie pour leur famille de sept enfants.

Le cahier des charges de l’industriel du textile est ambitieux : "air, lumière, travail, sports, hygiène, confort et économie", et demeure résolument d’actualité aujourd’hui.

Ce projet “moderne”, aux lignes tendues et aux volumes dépouillés, qualifié “d’œuvre totale” au sein de l’Union des Artistes Modernes de l’époque, est un travail complet d’architecture, d’aménagement d’intérieur et de décoration.

Le jeu graphique des briques de la façade de 60m de long et leurs joints creux noirs, confère à cette villa son caractère précurseur et son intemporalité.


Comme chez Bulles & Taille-crayon, l’approche est globale et part avant tout de l’usage qui sera fait des espaces, du budget alloué, avec un soin particulier apporté aux recherches de matières et graphismes pour les sols et les murs. Les matériaux sont choisis en résonance avec les lignes pures qui ont guidé toute la conception architecturale de ce lieu d’exception.

Équilibre entre rigueur et douceur

Les aménagements intérieurs ont été conçus dans une parfaite communion avec le jardin extérieur.

L’emploi des toits-terrasses et des immenses baies vitrées est hors normes pour l’époque, ces dernières créant comme une “grille de lecture” des allées du jardin à la française et du bassin.

Lignes et ombres portées des pergolas créent une trame visuelle, accompagnant la lecture des espaces.

Les courbes des rambardes ou des murs intérieurs viennent arrondir et adoucir les circulations.

Les lignes sont partout, traversent les espaces intérieurs comme extérieurs : balcons filants, jeux de rayures contrastées en noir et blanc dans le mobilier ou les escaliers.

Lignes tendues et noblesse des matériaux

Les marbres gris ou bruns, travaillés en larges surfaces, mettent en valeur la noblesse de cette pierre associée aux bois veinés ou laqués.
Les lignes noires quadrillent les sols, les tapis, prolongées à la verticale par les piétements rectilignes des chaises en cuir. La ligne noire circule, souligne les tours de portes, les champs des meubles et des radiateurs.

Dans la salle à manger, on identifie tout ce travail architectural et décoratif emblématique du lieu. L’architecte ET architecte d’intérieur, Robert Mallet-Stevens, a intégré les luminaires dans la conception de faux-plafonds géométriques. Le mobilier comme l’imposante table en chêne et poirier noirci vernis a été dessinée et conçue en même temps que l’espace de la pièce. L’enfilade, occupant un pan de mur se glisse parfaitement sous le le miroir qui accentue les jeux d’optique dedans-dehors.

Dans d’autres pièces on peut admirer la frise géométrique de la salle à manger des enfants, d’inspiration cubiste et art déco, les motifs damier traités dans le noir et blanc dans le petit cabinet de toilette ou les espaces cuisines.

L’une des chambres des enfants qui associe un jeu de couleurs bleu et orange aux lignes noires n’est pas sans rappeler le projet “esprit graphique et ludique” conçu par Bulles & Taille-crayon pour un petit 2 pièces du 15ème arrondissement parisien.

Les proportions ont été réfléchies et comme “calibrées” au volume de chaque pièce, conférant ce sentiment d’harmonie et d’équilibre lors de la visite de ce lieu exceptionnel.

Cette approche d’ensemble novatrice est particulièrement inspirante pour Bulles & Taille-crayon, précisément, studio de Design d’intérieur, ensemblier-décorateur à ses heures, mais surtout Designer !